Pendant quelques années, je n’arrivais plus à écrire.
J’avais clairement besoin d’aide.
Pourtant, je n’osais pas m’inscrire à des ateliers d’écriture.
Dans des ateliers destinés à des auteurices “établi·es”, je craignais de me ridiculiser avec mes écrits. J’avais peur d’être démasquée comme une personne sans intérêt et sans talent.
Quand je tombais, au contraire, sur des propositions plus accessibles, des ateliers explicitement présentés comme adaptés à des débutant·es… j’avais peur que ce soit cucul la praline. Ou pire : infantilisant.
Et puis je me disais que les “vrais écrivains” rédigent des chefs-d’œuvre dans leur coin, sans avoir besoin du soutien d’un groupe. Alors, si j’étais un “vrai écrivain”, je n’avais qu’à me débrouiller toute seule.
Peut-être que ce genre d’idées a traversé votre tête aussi ? Si c’est le cas, je ne peux pas vous blâmer.
D’ailleurs, seulement 16% des personnes qui pratiquent l’écriture créative (roman, nouvelle, poèmes…) ont déjà pris un cours, alors que cette proportion est beaucoup plus élevée pour d’autres loisirs comme le dessin (40%) ou la poterie (60%).
Mais en réalité, participer à des ateliers d’écriture est très utile aux personnes qui veulent écrire un livre. Pourquoi ?
Pourquoi participer à un atelier d’écriture ?
D’abord, l’idée que l’écriture, la vraie, est un processus solitaire, c’est une grosse arnaque. Historiquement les auteurices se sont souvent regroupé·es, pour discuter de leurs écrits, s’inspirer les un·es les autres, et aussi parfois s’embrouiller à mort comme seul·es des artistes narcissiques savent le faire.
Ensuite, l’écriture en groupe et l’écriture en solitaire sont complémentaires : elles se nourrissent l’une l’autre. Il n’y a pas une quantité d’écriture finie qu’il faudrait partager : une part plus grosse pour l’écriture collective ne va pas mécaniquement diminuer celle de votre pratique d’écriture individuelle.
Au contraire : renouveler votre pratique dans le cadre d’un atelier va nourrir votre pratique à vous.
Ce qu’il faut trouver en revanche, c’est un cadre d’écriture qui vous convienne.
Voici 10 critères auquel il faut être attentif ou attentive au moment de choisir l’atelier auquel vous voulez participer.
1. Expertise et personnalité de la personne qui anime
Commencez par vérifier les qualifications et l’expérience de l’animateur·ice pour vous assurer d’un encadrement de qualité.
Depuis combien de temps cette personne anime-t-elle des ateliers d’écriture ? Dans quel cadre ? Si vous ne trouvez pas les informations dont vous avez besoin sur son site, n’hésitez pas à lui écrire par email pour lui poser des questions.
Si votre objectif est de publier un livre, c’est mieux que la personne ait déjà publié des ouvrages dans des maisons d’édition sérieuses : pas par élitisme, mais parce que cela veut dire qu’elle saura de quoi elle parle quand vous aborderez le sujet de la publication.
Plutôt que le prestige de la personne, je vous conseille de faire attention à ses conceptions pédagogiques. Ce n’est pas parce qu’un écrivain est très célèbre qu’il anime nécessairement de très bons ateliers. La pédagogie, c’est une qualité à part !
Je vous invite aussi à prêter attention à ce qu’elle laisse voir de sa personnalité. N’ayez pas peur de chercher quelqu’un avec qui vous pourrez être à l’aise.
Un atelier d’écriture, c’est assez intime, et c’est légitime de vouloir être accompagné·e par une personne qui vous ressemble et partage vos valeurs. Par exemple, en tant que féministe, je sais qu’un vieux monsieur qui m’appelle “ma petite dame” et refuse toute contradiction, ça va me mettre mal à l’aise et me limiter dans mon écriture. Donc je ne participe pas à des ateliers animés par des personnes qui ont ce genre de profil.
2. Horaires et fréquence
Optez pour un atelier dont les horaires et la fréquence s’adaptent à votre emploi du temps. Je l’ai dit à plusieurs reprises sur ce blog et je le redirai autant de fois que nécessaire : vous devez adapter votre temps d’écriture à vos contraintes de vie, sinon l’écriture finira toujours par “sauter”.
Soyez réaliste quand vous vous inscrivez à un atelier : est-il réellement compatible avec vos disponibilités ? Que pouvez-vous mettre en place pour avoir le temps de vous y rendre ?
3. Profil des participant·es
Dans la mesure du possible, choisissez un atelier dont les participant·es ont un profil et des objectifs similaires au vôtre.
Bien sûr, il ne s’agit pas de chercher un atelier rempli de clones, au contraire : c’est super intéressant de se confronter à la diversité des expériences et des voix. Mais c’est important de trouver des personnes qui comprennent votre projet et sont en capacité de l’accueillir : par exemple, si vous écrivez un roman qui vous tient à cœur, et que les autres personnes sont juste là pour se détendre et s’amuser, vous risquez d’être un peu frustré·e par l’absence d’émulation ou de soutien sur vos difficultés spécifiques.
Si vous ne savez pas quel est le profil des participant·es pour un atelier donné, vous pouvez poser la question à l’animateur·ice par email avant de vous inscrire.
4. Thématiques Abordées
Renseignez-vous sur les thématiques spécifiques abordées lors des sessions pour vous assurer qu’elles sont cohérentes avec vos objectifs propres.
Cela implique bien sûr d’avoir fait un petit travail préalable pour identifier vos besoins et vos envies.
C’est pourquoi je vous conseille, avant de commencer à prendre des renseignements, de passer 15 minutes pour répondre à la question suivante (par écrit) : “pourquoi ai-je envie de participer à un atelier d’écriture ?”. Cela devrait vous permettre de choisir ensuite plus facilement l’atelier qui vous convient.
5. Nature des retours sur vos textes
Si vous venez chercher des retours sur votre écriture, assurez-vous que l’atelier met l’accent sur des retours constructifs et des critiques bienveillantes. La “gateless method”, par exemple, est une méthodologie de partage où les participants ne commentent que les points forts du texte qui a été lu, pas ses points faibles.
Croyez-moi, se faire “casser” en public ne sert à rien et c’est malheureusement encore parfois le cas en France, où la culture pédagogique est trop fréquemment centrée sur la correction sèche des erreurs, et non sur les encouragements. Il faut aussi qu’il y ait un temps dédié à la lecture et à la discussion des textes. Dans certains ateliers, ce n’est pas le cas.
Parfois, seuls deux ou trois participants ont le temps de lire leurs textes par atelier : soyez prévenu·e, et prenez la parole sans trop attendre si vous voulez avoir l’occasion de lire votre texte.
En outre, si vous voulez des retours très détaillés sur vos textes, il est probable que le cadre d’un atelier ne suffise pas et que vous deviez recourir à un accompagnement individuel.
6. Témoignages des anciens participants
Consultez les témoignages d’ancien·nes participant·es : le site de la personne qui anime les ateliers devrait en présenter plusieurs.
Bien sûr, en général, ce sont des témoignages positifs qui sont mis en avant, mais en fonction des mots utilisés vous allez déjà vous faire une idée de ce qui ressort pendant l’atelier. Par exemple, entre un témoignage client qui dit “super atelier, très exigeant et pointu” et un autre qui dit “super atelier, parfait pour les débutants”, vous avez une indication sur les points forts (et les points faibles) de l’atelier.
7. Le prix
Évaluez le coût de l’atelier par rapport à votre budget et vérifiez s’il y a des options d’aide financière.
Le prix varie énormément, de la presque gratuité à des tarifs faramineux (voire abusifs).
Je dirais que la session d’écriture varie en général entre 20 et 50 euros. Moins cher, c’est vraiment très bon marché. Au-delà de 50 euros, il me semble que ça commence à faire beaucoup.
Attention, plus cher ne veut pas dire que c’est mieux : parfois, vous allez simplement “payer” pour un·e intervenant·e prestigieux·se, ou un lieu exceptionnel…
Si le tarif public annoncé est trop cher pour vous, vous avez l’option d’écrire à la personne qui anime les ateliers pour lui demander une réduction, en expliquant rapidement votre situation. Ça ne marchera pas forcément, mais les gens sont souvent plus flexibles qu’on ne le pense, surtout quand on discute entre passioné·es d’écriture. Il peut aussi y avoir des systèmes de “places suspendues”, qui permettent aux personnes aisées d’acheter des places à l’avance pour d’autres personnes qui ne peuvent pas les payer. Bref, posez la question, vous n’avez rien à y perdre !
Certains ateliers sont “à prix libre”, surtout dans un cadre militant et/ou féministe. Cela signifie que chacun·e est libre de payer ce qu’iel veut. Dans ce cas, je vous invite fortement à payer quelque chose quand même, dans la mesure de vos moyens : préparer un atelier d’écriture, c’est du travail, et il ne faut pas penser que le “prix libre” équivaut à la gratuité.
8. Format des Sessions
Choisissez entre des ateliers en personne, en ligne, ou hybrides selon vos préférences et contraintes géographiques. Les ateliers en ligne sont idéaux pour des personnes qui ne peuvent pas facilement se déplacer, pour les timides, ou bien si vous avez besoin d’aide sur un point précis et que vous ne trouvez pas près de vous un atelier sur ce thème spécifique.
Néanmoins, je trouve que les ateliers “en personne” dégagent une énergie très particulière, que j’affectionne beaucoup et je vous encourage à tester au moins une fois ce format.
Soyez aussi attentif·ve à la durée des sessions : cela peut prendre du temps d’entrer dans l’écriture et si vous avez envie de pouvoir vraiment approfondir l’écriture, personnellement, je vous conseillerais de participer à des ateliers qui durent au moins 2 heures. Ne vous inquiétez pas, ça passe très vite !
9. Politique d’Annulation
Informez-vous sur la politique d’annulation au cas où des imprévus compromettraient votre participation.
Ça peut paraître trivial mais, d’expérience, les annulations sont plus fréquentes qu’on pourrait le penser, et vous vous éviterez de la frustration si vous êtes au clair sur les conditions d’un éventuel remboursement.
10. Testez
Vous aurez beau avoir pris tous les renseignement du monde, rien ne remplace un test. Si vous hésitez, jetez-vous à l’eau en sachant bien que rien ne vous engage à revenir. Il vaut mieux essayer plusieurs ateliers pour en sélectionner un dont le format vous convient, que de ne rien faire du tout en restant dans votre coin.
Ne cherchez donc pas le mouton à cinq pattes et lancez-vous ! Pour écrire un livre, il faut se jeter à l’eau.
Conclusion : libre de partir
Si vous participez à un atelier d’écriture et que vous ne vous y sentez finalement pas à l’aise, sentez-vous très libre d’en chercher un autre. L’important, c’est de trouver un cadre d’écriture sécurisant, stimulant et bienveillant.
Le fait de participer régulièrement à des ateliers va vous aider à maintenir une pratique d’écriture régulière et à trouver le soutien moral dont vous aurez besoin tout au long de l’écriture de votre livre.