C’est vraiment un drôle de paradoxe : parfois dans la vie, les trucs qui nous tiennent les plus à cœur sont aussi les plus durs à mettre en place.
J’ai toujours voulu être autrice et pourtant, pendant plusieurs années, je n’ai pas pu écrire une ligne.
J’étais comme paralysée. J’y pensais, je savais que je “devais” m’y mettre mais au lieu de ressentir du plaisir ou de la joie à l’idée de m’installer devant mon cahier, je me trouvais saisie d’une espèce d’anxiété que je repoussais… en n’écrivant pas.
Le problème évidemment c’est que moins j’écrivais, plus j’étais anxieuse et plus j’étais anxieuse, moins j’écrivais.
Si vous êtes en train de lire ceci, c’est qu’a priori vous voyez très bien de quoi je veux parler.
Vu la société dans laquelle on vit, je sais qu’on est toustes tentées, pour dépasser l’obstacle, de chercher des trucs et astuces faciles, indolores, des “hacks”, des raccourcis.
Mais ce cercle vicieux anxiété/procrastination renvoie, je crois, à des caractéristiques assez profondes des êtres humains, à notre rapport à l’effort, notre peur du jugement et de la médiocrité…
Tout ça pour vous dire, en toute honnêteté, que cet article ne contient pas de recette miracle. Vous le savez déjà : écrire souvent ne vient pas en un claquement de doigts, en lisant vite fait des conseils lus sur internet.
Je vous propose juste quelques astuces concrètes qui m’ont vraiment aidée dans mon chemin pour retrouver l’écriture : certaines que j’ai mises en place spontanément et d’autres que j’ai découvertes “the hard way”.
J’espère vous faire gagner un peu de temps, pour que vous puissiez écrire votre livre avec plaisir, sans rester bloqué·e dans la procrastination.
Alors, comment on se motive pour écrire tous les jours, ou presque ?
Ne vous contentez pas de lire ces astuces : pour que ça marche, il faut les mettre en pratique. Expérimentez. Gardez ce qui fonctionne pour vous et jetez le reste.
1. Remplacer “je dois écrire” par “je veux écrire”
Quand vous dites “merde, il faut absolument que j’ecrive”, vous racontez n’importe quoi (no offense).
Non, vous ne “devez” pas écrire.
A moins que vous meniez une vie vraiment très ébouriffante (auquel cas, envoyez-moi un email pour me la raconter)… personne ne va mourir si vous n’écrivez pas. Il ne va rien se passer. Vous n’allez pas être envoyé·e en prison si vous n’écrivez pas une ligne. Aucun flingue n’est braqué sur votre tempe pour que vous fassiez un travail d’introspection ou de création.
La réalité, c’est que vous voulez écrire. C’est que ça vous ferait plaisir d’écrire.
La nuance est extrêmement importante.
Parce que quand vous dites (ou pensez) que vous devez écrire, la pratique d’écriture devient, insidieusement, une obligation.
Vous transformez un désir en un devoir.
Or les êtres humains ont un truc qui s’appelle la réactance : nous n’aimons pas être forcé·es à faire des trucs. Une activité plaisante devient immédiatement chiante dès qu’elle est du domaine de la contrainte (et c’est pour ça qu’on a souvent envie de mourir en session teambuilding obligatoire, même quand l’activité pratiquée est en soi plutôt cool).
La réactance n’est pas juste une idée, c’est une réalité attestée par la recherche en psychologie. Nous réagissons toustes, à des degrés divers, par un retrait voire de la colère quand on essaie de nous forcer à faire quelque chose.
Autrement dit, plus vous renforcez l’idée que vous devez absolument écrire, plus vous vous mettez en tête que c’est une obligation de droit divin, moins vous aurez envie de le faire.
Lâchez les “je dois” et “il faut”. Reprenez-vous quand vous vous entendez parler de cette façon et dites plutôt : “j’aimerais bien écrire plus souvent”. Parce que c’est la vérité.
Et que c’est la première étape pour permettre au plaisir de revenir.
2. Chercher activement l’inspiration
Je sais que vous savez, mais c’est un conseil SI important.
Arrêtez d’attendre l’étincelle divine, je vous en supplie – Dieu est très occupée, Elle a autre chose à faire que de vous filer des idées et l’envie de noircir des pages et des pages avec un air inspiré.
Si vous avez besoin de cadrer le sujet, faites-le. Aidez-vous avec des amorces préparées pour vous ou avec un atelier d’écriture.
Mais n’attendez pas que l’envie d’écrire vous tombe dessus par miracle : Ça risque fort de ne jamais arriver.
3. Contraindre la forme et le fond
La contrainte et la structure vont aider la partie de vous qui est terrifiée à l’idée d’échouer et qui, par crainte, préfère que vous restiez embourbé·e dans l’inaction.
Plus vous restreignez vos possibilités, plus vous êtes encadrée, moins vous avez peur et plus vous pouvez vous y élancer – de la même façon qu’on ne crapahute pas en freestyle sur une falaise avant d’avoir pratiqué l’escalade durant des années avec un harnais bien serré.
- Utilisez des propositions d’écriture – il y en a plein en ligne qui sont disponibles gratuitement.
- Inscrivez-vous à des ateliers d’écriture : renseignez-vous sur ce qui existe près de chez vous ou en ligne, en faisant attention a choisir un atelier adapte a vos besoins en faisant attention aux dix critères pour choisir le meilleur atelier d’ecriture).
- Participez a des challenges collectifs sur un temps limité, comme le Nanowrimo.
- Allez à l’essentiel. Si vous bloquez, écrivez une liste, quelques mots, pas forcément des paragraphes totalement rédigés.
- limitez la taille du support sur lequel vous écrivez : si une feuille complète vous impressionne trop, vous pouvez par exemple choisir un plus petit papier (genre une feuille A4 coupée en deux ou en trois) pour vous rassurer et vous limiter.
Ça a l’air idiot dit comme ça mais ça marche vraiment (ce n’est pas un hasard si mes premiers carnets d’écriture introspective étaient tout petits !).
4. Limiter le temps d’écriture
Mettez un minuteur.
Là aussi, il s’agit d’encadrer votre pratique d’écriture pour vous aider à vous lancer.
Pas besoin d’avoir trois heures devant soi pour se lancer. Cinq minutes d’écriture, c’est déjà très bien. C’est même infiniment mieux que zéro.
5. Planifier vos sessions d’écriture et fixer des deadlines
Donnez-vous une date précise (de préférence, proche dans le temps) à laquelle vous aurez écrit un texte.
Inscrivez-la dans votre calendrier.
Bloquez du temps pour l’écriture, à l’avance, à un moment de la journée qui est réaliste pour vous (pas tôt le matin si vous êtes une marmotte, pas tard le soir si vos yeux se ferment tous seuls à partir de 21 heures).
Ne prévoyez pas d’autres activités sur ce créneau.
6. Garder son matériel d’écriture facilement accessible
La aussi, c’est un conseil qui a l’air limite insultant de simplicité alors qu’il est essentiel.
Si rien que le fait de sortir votre matériel d’écriture vous prend trois plombes, vous allez encore plus peiner à vous y mettre. Gardez votre cahier et votre stylo préféré à portée de main.
Si vous écrivez sur ordinateur, laissez le fichier à un endroit visible, par exemple sur votre bureau virtuel.
7. Rendre des comptes a une personne de confiance
Dans l’idéal, choisissez une personne de confiance pour parler de votre pratique d’écriture et dites-lui ce que vous avez prévu d’écrire dans les jours à venir (dans les grandes lignes). Si possible, fixez une date à laquelle vous lui direz si vous avez réussi à accomplir ce que vous prévoyez.
Entendons-nous bien : vous ne déléguez pas votre responsabilité d’adulte à cette personne, le but n’est pas qu’elle vous flique ou vous surveille : déjà parce qu’on n’aime pas trop les logiques policières et aussi parce qu’elle a sans doute mieux à faire de sa vie.
Simplement, le fait même de devoir (volontairement) rendre des comptes a quelqu’un peut vous aider à vous lancer.
8. Parler de votre pratique d’écriture autour de vous
Si vous le pouvez, dites autour de vous que vous écrivez.
Attention cependant, ça crée de la curiosité et il faut avoir une ou deux réponses prêtes à l’emploi (les gens se lassent vite, en général, et ne vous harceleront pas trop une fois qu’iels auront compris que vous n’êtes pas Marc Levy).
La différence avec la suggestion précédente,c’est que vous ne vous engagez pas sur un truc en particulier.
L’objectif ici, c’est juste de créer de la dissonance cognitive entre ce que vous dites (vous écrivez) et la réalité (vous n’écrivez pas tellement). En principe, vous allez avoir envie de réduire l’ampleur de cette dissonance… de vous mettre à écrire.
Essayez et dites-moi ce qui fonctionne mieux ou moins bien pour vous !
Et bien sûr, si vous avez d’autres astuces, partagez-les en commentaire.
Lancez-vous : pour devenir auteur·ice, il va bien falloir que vous écriviez !