Écrire un livre est un projet passionnant et gratifiant : une véritable petite aventure que l’on peut vivre sans bouger de chez soi. Et tout le monde a un avis sur la bonne façon de s’y prendre !
Si vous cherchez à écrire un livre et que vous avez parcouru des ressources sur le sujet, vous êtes presque certainement tombée sur des articles qui vous demandent d’écriture quotidiennement. “Faites preuve de discipline”, “écrivez tous les jours, quoiqu’il en coûte”, “levez-vous à 5 heures du matin si nécessaire” voilà le genre de conseils qu’on peut entendre un peu partout.
Cela pose deux problèmes. D’abord, la discipline d’écriture n’existe pas toute seule dans son coin : elle découle de la planification rigoureuse de votre projet, qui est centrale dans votre réussite.
Ensuite, l’écriture quotidienne est posée comme un impératif absolu pour réussir à écrire un livre, et les écrivain·es qui ne parviennent pas à tenir ce rythme sont ridiculisées ou culpabilisé·es, comme s’iels ne pouvaient pas vraiment prétendre au statut d’auteur·ice à moins de noircir des pages et des pages absolument chaque jour.
Nous croyons au contraire que le mythe de l’écriture quotidienne est néfaste, et nous connaissons beaucoup d’auteur·ices prolifiques qui n’écrivent pas tous les jours.
Aussi, dans cet article, nous allons examiner en profondeur ce mythe et vous donner des conseils pratiques pour trouver la fréquence d’écriture qui convient le mieux à votre style de vie, et à votre projet.
Les Mythes de l’Écriture Quotidienne
L’écriture quotidienne est souvent présentée comme une règle d’or pour les écrivains en devenir. Cette recommandation peut sembler séduisante, mais elle repose souvent sur des idées préconçues plutôt que sur des preuves solides. Il est essentiel de comprendre que l’écriture quotidienne n’est pas une nécessité pour tous les écrivains et qu’elle peut même être contre-productive pour certains. Pourquoi donc ?
- La culpabilité inutile
L’un des problèmes majeurs liés à l’écriture quotidienne est la culpabilité qu’elle engendre lorsque vous manquez une journée.
Imaginez une journée où vous avez une charge de travail intense au bureau, où vous devez vous occuper d’un enfant malade, ou où des problèmes imprévus surviennent. Dans de telles situations, il est tout à fait naturel de ne pas pouvoir consacrer du temps à l’écriture.
Cependant, si vous avez intégré l’idée que l’écriture quotidienne est la seule option, vous risquez de vous sentir coupable et frustré·e lorsque vous ne parvenez pas à atteindre cet objectif irréaliste.
- Les contraintes de la vie réelle
La réalité de nos vies est souvent bien éloignée de l’image idéalisée de l’écrivain solitaire qui écrit tous les jours. La plupart d’entre nous jonglent avec de nombreuses responsabilités, que ce soit au travail, à la maison ou dans nos relations personnelles.
Trouver du temps pour écrire quotidiennement, même lorsque la vie nous réserve des imprévus, peut s’avérer être un défi impossible à relever – sans que cela ne dise quoi que ce soit de notre motivation ou de nos compétences littéraires.
Trouver Votre Fréquence d’Écriture Idéale
Au lieu de vous imposer une fréquence d’écriture quotidienne, il est essentiel de déterminer celle qui fonctionne pour vous. Chaque écrivain est unique, tout comme son emploi du temps et ses responsabilités. Voici quelques conseils pour vous aider à trouver votre propre rythme d’écriture, afin que vous parveniez à écrire votre livre :
- Faites preuve de pragmatisme
En règle générale, il est illusoire de vouloir réorganiser toute votre vie autour de l’écriture. Partez plutôt de ce qui existe, de vos contraintes actuelles, et tentez de définir des créneaux d’écriture qui sont compatibles avec la réalité de votre vie.
Concrètement, regardez votre calendrier et voyez où il y a des trous.
Si vous ne tenez pas de calendrier détaillé et que vous ne savez pas bien où passe votre temps, faites l’exercice pendant quelques semaines de noter exactement ce que vous faites, demi-heure par demi-heure. L’objectif n’est pas de se culpabiliser mais de bien comprendre ce à quoi on consacre ses journées.
Si, au contraire, votre emploi du temps est plein à craquer et que vous manquez cruellement de temps, vous avez trois options :
- soit vous annulez certaines de vos activités quotidiennes (par exemple, vous pourriez supprimer instagram de votre téléphone ?)
- soit vous gardez le même emploi du temps, mais vous consacrez une partie de vos congés à l’écriture (attention au burnout cependant)
- soit vous remettez votre projet d’écriture à des temps plus cléments.
- Prenez des engagements concrets
C’est très important que vous spécifiez bien un jour de la semaine et une heure précise dédiés à l’écriture. Par exemple, au lieu de vous engager à écrire tous les jeudis, dites plutôt : “je vais écrire chaque jeudi de 18h à 18h30”. Cette approche vous oblige bien davantage à écrire de façon effective.
De plus, avoir une routine d’écriture prévue peut vous aider à vous mettre dans le bon état d’esprit à l’approche de ces moments d’écriture. Au fil du temps, cela deviendra une habitude : vous saurez que c’est votre créneau réservé à l’écriture, votre cerveau saura que c’est le créneau, et ce sera plus facile d’entrer dans l’écriture.
- Engagez-vous sur des périodes bien définies
Si vous souhaitez essayer l’écriture quotidienne, envisagez de le faire sur une période limitée : par exemple, écrire tous les jours pendant une semaine. Cela vous permet de tester cette fréquence sur une courte durée sans vous engager sur le long terme.
Limiter dans le temps vous permet de mieux évaluer si l’écriture quotidienne vous convient ou si elle crée davantage de stress et de frustration et surtout c’est un objectif beaucoup plus réaliste.
- Soyez indulgent·e envers vous-Même
La culpabilité ne devrait pas avoir sa place dans votre parcours d’écriture. Bien sûr, dans la réalité, les choses sont plus emmêlées, et il arrive à tout le monde de s’en vouloir.
Mais essayez de vous souvenir que vous écrivez parce que cela vous fait plaisir. Ce n’est pas une obligation, personne ne va mourir si vous ratez une session. Si vous manquez une séance d’écriture en raison d’obligations imprévues ou de circonstances exceptionnelles, ne vous blâmez pas. La vie est pleine de rebondissements : certaines journées ne seront pas propices à l’écriture. C’est frustrant, mais c’est comme ça.
Pour écrire un livre, vous allez devoir maintenir une pratique d’écriture régulière sur le long terme, sans sacrifier votre bien-être ou votre qualité de vie et pour cela, il va falloir faire preuve d’un peu de souplesse face aux aléas du quotidien.
Le Plaisir de l’Écriture comme Moteur
Plus vous appréciez votre temps d’écriture, plus vous serez enclin·e à vous y consacrer. Le plaisir découle souvent du sentiment de compétence et de réussite. Pour trouver et maintenir l’envie de se mettre à écrire, il faut d’abord comprendre comment fonctionne notre cerveau en matière de motivation.
Des recherches sérieuses en neurosciences ont démontré que notre motivation est régulée par des circuits neuronaux chargés d’évaluer si, en mettant en œuvre un comportement, nous obtenons les résultats espérés. Cela signifie que notre motivation est régulée par l’écart entre les résultats observés et les résultats attendus.
En d’autres termes, si vous avez l’impression de progresser, de réussir, vous aurez envie de continuer à écrire. En revanche, si vous avez l’impression d’échouer, de façon répétée, vous risquez d’abandonner. Cela peut sembler logique, car ce mécanisme doit nous empêcher de persévérer dans une stratégie inefficace.
Le souci avec l’écriture quotidienne, c’est que dès qu’on rate un jour, on peut se sentir incompétente voire coupable, et le cercle vertueux de la motivation (compétence → plaisir → motivation) s’enraye. Il est remplacé par le cercle vicieux de la démotivation : je me sens nulle, donc je ne fais rien, donc je culpabilise, donc je me sens nulle… Vous voyez l’idée !
Alors, comment faire pour protéger notre sentiment de compétence ?
Pour développer ce sentiment de compétence, voici quelques conseils :
- Préparez bien votre projet de livre, en respectant les 6 étapes simples pour démarrer du bon pied — en particulier, définissez un calendrier clair, avec des deadlines précises ;
- Fixez-vous des objectifs réalisables : Évitez de vous fixer des objectifs irréalistes qui pourraient vous décourager. Commencez par des objectifs modestes et augmentez-les progressivement à mesure que vous gagnez en confiance.
- Célébrez vos réalisations : Chaque fois que vous atteignez un objectif d’écriture, même s’il est petit, prenez le temps de célébrer votre petite victoire. Vous pouvez vous cuisiner un bon petit plat ou vous offrir un mini cadeau. Ca a l’air idiot mais ca marche.
- Apprenez de vos erreurs : vous connaissez la chanson – les échecs font partie intégrante du processus d’écriture, et ce sont des opportunités d’apprentissage. Bon, on va être honnête : sur le coup, les échecs sont frustrants et fatigants, et ce n’est pas toujours facile de réenclencher une dynamique positive. Si vous avez besoin d’un petit temps de repos et de selfcare avant de vous relancer dans l’écriture, prenez-le. Écrire un livre, c’est un marathon, pas un sprint.
Conclusion : Trouvez Votre Propre Rythme
Vous le savez, sur ce site on ne prétend pas connaître de formule magique ni de recette toute faite. Il n’y a pas d’équation mathématique pour déterminer la fréquence d’écriture parfaite. Chaque écrivaine est unique, tout comme son emploi du temps et ses responsabilités.
Retenez deux choses :
- Soyez pragmatiques : adaptez votre routine d’écriture à votre vie (et pas l’inverse)
- Soyez indulgent·es : ne laissez pas la pression de l’écriture quotidienne vous décourager si vous ne parvenez pas à tenir le rythme (la plupart d’entre nous n’y arrivent pas non plus, et cela n’a jamais empêché d’écrire un livre)
L’objectif est de trouver la fréquence d’écriture qui vous permet de progresser dans votre projet à un rythme suffisant pour nourrir votre motivation, tout en préservant votre énergie et votre créativité.
Bonne écriture.